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© AFL - Burkina Faso

Pour une domestication de la réglementation communautaire : la CEDEAO privilégie le développement des infrastructures et les investissements.

La transhumance transfrontalière demeure confrontée à de nombreuses contraintes qui entravent sa pratique durable. Parmi ces contraintes figurent les insuffisances du cadre politique et juridique liées à l’inadéquation des textes politiques et juridiques ainsi que leur ineffectivité relative. Les efforts et concertations de la CEDEAO pour la domestication des règlements communautaires restent malheureusement confrontés au principe de souveraineté de certains Etats quoi que certains bons élèves émergent et méritent d’être copiés.

Au cours de la dernière décennie, les données statistiques du CILSS indique que la transhumance transfrontalière contribue au développement de l’économie régionale mais constitue une source d’instabilité liée aux conflits entre agriculteurs et éleveurs. Pour réduire les risques de conflits, la commission de la CEDEAO à travers ses institutions spécialisées travaille pour une harmonisation des dispositions communautaires en vue d’arriver à une transhumance apaisée. Les Etats de l’Afrique de l’ouest étendus au Tchad et à la Mauritanie, dispose d’un arsenal juridique en la matière non conforme à la règlementation communautaire.

Selon M. Sékou Sangaré, commissaire de  l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en Eau de la Commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’institution a élaboré des mécanismes pour faciliter la transhumance. Ils se déclinent à trois niveaux. Le premier niveau porte sur la règlementation avec un texte de loi voté au parlement de la CEDEAO et ratifié par tous les Etats. Elle est suivie d’une autre Règlementation exécutive en 2003. Le second niveau concerne le dialogue et le 3ème niveau porte sur les investissements.

La tentative de la CEDEAO de mettre en œuvre le premier niveau n’a pas encore abouti et reste confronté à plusieurs obstacles car les Etats ont une appréciation différente de la transhumance et de ses impacts.

Face à la résistance de domestication de la règlementation communautaire surtout le niveau 1, les initiatives et actions pour la mise en œuvre des niveaux 2 et 3 s’accélèrent. Ainsi, l’on assiste à la construction des infrastructures  (puits, pâturage, couloirs et pistes de transhumances, services vétérinaires, etc) pour faciliter la transhumance.

Cette approche aboutira à coup sûr, si les initiatives des niveaux 2 et 3 aboutissent à des changements notables.

Le Nigeria avec son potentiel économique, démographique et politique n’est pas opposé au pastoralisme mais prêche plutôt pour une semi-transhumance à travers le Ranching. Cette position que le géant africain défend embarrasse les responsables de l’institution sous régionale au point où M. Sékou Sangaré refuse de se prononcer sur les obstacles de la domestication communautaire en particulier par le Nigeria.

Face à la réticence de plusieurs Etats de domestiquer la règlementation communautaire ratifié par eux-mêmes, la CEDEAO semble avoir changé sa stratégie en privilégiant les niveaux 2 et 3 des mécanismes de facilitation de la transhumance qui sont le renforcement du dialogue et les investissements dans les différents pays.

Une fois que ces niveaux seront bien ancrés dans les Etats, la domestication des règlementations se fera aisément.

Si le Togo et le Bénin sont cités comme de bons exemples pour une transhumance apaisée et durable c’est parce que ces pays travaillent sur les deux niveaux de mécanismes en attendant d’arrimer la règlementation communautaire à  l’arsenal juridique national.

Pour le secrétaire général adjoint du ministère en charge de l’agriculture du Bénin, M. Innocent TOKPA, les pays côtiers font des efforts pour faciliter une transhumance apaisée tandis que les pays sahéliens, les plus concernés par la problématique sont plus passifs.

« Le problème de la transhumance se complexifie avec d’une part le changement climatique, les conditions deviennent de plus en dures, les animaux et leurs accompagnateurs se déplacent plus précocement ou un peu plus tôt vers les pays d’accueil dans lesquels les agriculteurs n’ont pas encore fini la récolte. » a souligné M. Sékou Sangaré.

Pour relever le défi de la domestication, l’appui des partenaires  techniques et financiers s’avère indispensable. Cette saga pour la domestication de la règlementation communautaire réserve une suite à rebondissement.

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Anderson Akue

Journaliste - ecovisionafrik.com - Togo
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